Agroalimentaire Les banquiers au chevet de William Saurin et Madrange
Le gouvernement a obtenu l’accord des 17 banques travaillant avec Financière Turenne Lafayette (FTL), la maison mère de William Saurin et Madrange, pour abonder le fonds qui garantira le maintien de l’activité.
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« Nous avons obtenu un accord avec l’ensemble des banques [pour la plupart des créanciers, NDLR] qui vont rejoindre la fiducie », le fonds affecté au financement du groupe, a déclaré Christophe Sirugue, le secrétaire d’État à l’Industrie, à l’occasion d’une visite de l’usine William Saurin à Lagny-sur-Marne, dans la Seine-et-Marne, le 20 décembre 2016.
L’État s’est dès le début impliqué pour que cette holding qui regroupe des marques de grand public (William Saurin, Madrange, Paul Prédault) évite la liquidation judiciaire. Dès vendredi, il a annoncé avoir déposé 70 millions d’euros sur un fonds créé dans le but de maintenir l’activité du groupe, mis en péril par la découverte récente de comptes truqués. Mais, « puisque le pool bancaire participe, nous nous partagerons le financement pour maintenir l’activité », le « temps de trouver un repreneur », a expliqué Christophe Sirugue à la presse.
L’engagement du gouvernement a « permis de rassurer »
L’État a indiqué qu’il verserait 10 à 12 millions au groupe, « puis les banques participeront pour le reste du montant », se substituant à l’aide de l’État. Le montant annoncé est d’un peu plus de cinquante millions d’euros sous forme de prêt.
Ce sera de « l’argent frais », a souligné le nouveau président de FTL, Éric Le Gouvello. Des discussions sur d’éventuels abandons de créances par les banques n’ont pas encore abouti. L’engagement du gouvernement a « permis de rassurer » les salariés, les fournisseurs et les créanciers, a-t-il expliqué.
Rassuré, Yannick Boileau, délégué syndical central de la CGT chez William Saurin, explique qu’il ne l’est qu’« à très court terme, pour 2017 ». Il rappelle que la direction leur « demande d’être rentable », mais qu’il est difficile de dire si leur entreprise l’est ou pas car « nous avons des rapports sur la situation financière, mais est-ce que ce sont les vrais ? »
« Depuis lundi soir les choses ont commencé à s’améliorer »
« Nous ne pouvons que nous réjouir en ce moment de l’accord qui a été trouvé entre le gouvernement, les banques et le groupe. Pour nous, c’est un geste fort du gouvernement et nous allons insister pour que cet accompagnement dure », a déclaré Stéphane Huet délégué syndical central de la CFDT.
Éric Le Gouvello a également salué « l’effet d’entraînement de l’annonce du gouvernement [qui] a été déterminant, car le pool bancaire s’est rangé dernière le schéma du gouvernement. Depuis lundi soir, [et l’accord avec les banques, NDLR] les choses ont commencé à s’améliorer », même s’il « reste quelques acteurs qui mettent du temps à revenir. »
Christophe Sirugue a martelé que l’État ne laisserait pas tomber l’entreprise et ses salariés, mais il avait dès le début prévenu qu’il n’était « pas question » pour l’État « d’entrer au capital » de la holding. Éric Le Gouvello, nommé au début de décembre à la tête de FTL, après le décès de sa propriétaire Monique Piffaut, a précisé que c’était un « comité interministériel qui avait pris la décision de commanditer » un audit sur le groupe, avant même son arrivée. C’est cet audit qui a révélé que les comptes de FTL avaient été truqués.
Il a estimé qu’il faudrait environ trois mois à la direction « pour voir plus clair sur tout ». Il a également ajouté qu’il faudrait attendre le printemps pour savoir quelle solution pouvait être envisagée pour sauver le groupe, comme un adossement « total ou partiel » à un autre groupe. Plus tôt dans la journée un communiqué FNAF-CGT s’inquiétait du risque de démantèlement du groupe, indiquant « qu’à l’évidence, les vautours sont autour de la dépouille pour le dépeçage ».
AFP
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